Gazette n°348
lundi 20 juin 2022
sponsorisée par l’énumération

“Absence de principes” est un recueil de poésies signé par l’un de mes auteurs. La poésie est ici une manière de raconter des souvenirs, des expériences, des désirs et aussi des colères.
Mais décortiquons ce vocable dont il est question ici : “principe”.

LETTRE À L’ÊTRE

P comme Pierre. Pierre avait un principe à lui : il n’avait pas le droit d’être heureux. Ses parents, quand ils l’engendrèrent, voulurent en faire “un médicament”... pour eux, pour leur égoïsme hétérosexuel. Pierre est parti... pour soigner la tombe de ses géniteurs. Adieu.
R comme Robert. Robert avait lui aussi un principe : il préférait les jeunes. Je ne suis pas “jeune”. Il s’en est retourné à ses amours ruraux subreptices, et ses principes de touche-pipi. Not mine[1].
I comme Irène. Irène est institutrice au collège du village. Elle ne veut pas que les “jeunes soient pervertis” par la lecture d’ouvrages “malsains”. La Bible est son seul principe. Amen.
N comme Neftali. Neftali a partagé mes nuits, mes jours et mes espoirs. Mais il avait un principe : il voulait quelqu’un à l’image de ce que lui voyait. Il déménage ailleurs en ville pour avoir une chance de vivre son principe. Bon courage.
C comme Connard. Connard est ce mec qui m’a téléphoné hier pour me cracher son principe phobique. J’ai raccroché au nez du plouc à chemise brune. M’en fous.
I comme Isidore. Isidore est un jeune garçon, très doux et très sensible. Il a comme principe de vivre de ses charmes sans rien donner en retour. Je n’ai pas répondu à ses mots câlins de brouteur . Je suis fauché de l’âme.
P comme Philippe. Philippe est mort, il était mon plus vieil ami. Près de quarante ans. Malgré ses principes hétéros, nous avons partagé nos corps, mais pas nos cœurs. Dommage.
E comme Elisabeth. Elisabeth était ma dernière “chance” hétéro. Mais malgré toute sa gentillesse, son principe était de rester seule. Elle est partie pour la Normandie et je l’ai oublié. Jusqu’à aujourd’hui.
***
Les principes c’est comme les habitudes, on les déteste. Mais ils sont malgré tout indispensables.

Épinac, le 20 juin 2022

1- Pas le mien.
2- Le “brouteur” est ce cancrelat qui pour des raisons pécuniaires joue avec les sentiments humains. Il faut juste l’écraser avec le pied.

Partager